Table des matières

S I F

Le lecteur de cette page est censé avoir lu Les règles élémentaires et La marque

Le « Standard d'Initiation Français »

 


(Bottom)

 

Avant propos
Le contenu qui suit prend sa source dans les travaux conjoints de l'Université du Bridge et de la Commission nationale pédagogique de la Fédération française de Bridge. Le texte lui-même se retrouve ici et là sur la toile. Hors quelques modifications rédactionnelles, je l'ai laissé reconnaissable par sa couleur noire, tandis que mes modestes rajouts ont pris une couleur bleu foncé.

Ces rajouts paraîtront abondants ou compliqués (not. sous D.III.1.c et D.IV). Il suffira, dans ce cas, de les sauter. Ils ne sont pas indispensables pour débuter, mais viennent expliquer des structures de base au lecteur qui s'y intéresserait et qui, dans un deuxième temps, voudrait mieux comprendre et progresser.

Le contenu originel est bon, parfaitement apte à sa fonction, enseigner un système d'enchère simple, mais d'emblée applicable et efficace, « jouable ». Le SIF est en outre le meilleur tremplin au SEF (« Standard d'Enseignement Français », le système le plus pratiqué dans le monde francophone), parce qu'il en est un abrégé. Je puis sans réserve conseiller ce SIF au débutant qui, avec lui, sera compris de tous.

Avant de vous atteler à cette lecture, vous aurez sans doute pris soin de faire vos premiers pas en Mini-Bridge (commencez par celui du site USF puis essayez le mien, plus complexe), pour vous familiariser avec le jeu de la carte, et pris connaissance du SIF de l'USF, plus simple et dépouillé, partant plus accessible...

mh / mars 2003

 


 

Table des matières :

A. Introduction
I. Les objectifs du SIF
II. Notations et définitions
III. L'évaluation des mains
IV. Le contrat final
B. L'Ouverture
I. Les ouvertures précises
1. Les ouvertures à Sans-Atout
2. Les Deux Forts
II. Une ouverture artificielle, le 2♣ Albarran
III. Les ouvertures ambiguës (1 à la couleur)
IV. Les barrages
(Bottom)
C. Développements après les ouvertures précises
I. Les réponses à l'ouverture de 1SA
1. Le fit majeur est impossible
2. Le fit majeur est possible
a) Une majeure quatrième
aa) Sans cinq cartes dans l'autre majeure
bb) Avec cinq cartes dans l'autre majeure
b) Une majeure cinquième
3. Le fit majeur est certain
a) Une majeure sixième
b) Deux majeures cinquièmes
4. Tentative de chelem après Stayman
II. Les réponses à l'ouverture de 2SA
1. Le fit majeur est impossible
2. Le fit majeur est possible
a) Une majeure quatrième
b) Une majeure cinquième
c) Une majeure quatrième et une majeure cinquième
3. Tentative de chelem après Stayman
4. Le fit majeur est certain
a) Une majeure sixième
b) Deux majeures cinquièmes
III. Les réponses aux ouvertures de Deux Fort
1. Les soutiens majeurs
2. Les changements de couleur
3. Sans-Atout
IV. Les réponses à l'ouverture de 2♣
D. Développements après les ouvertures de 1 à la couleur
I. Les réponses
1. Les réponses à l'ouverture majeure
a) Les soutiens
b) Les changements de couleur
c) Les réponses à Sans-Atout
2. Les réponses à l'ouverture mineure
a) Les changements de couleur
b) Les réponses à Sans-Atout
c) Les soutiens
3. Les réponses après un Passe initial
4. Les changements de couleur à saut
II. Les redemandes
1. Après un soutien majeur
2. Après un 1/1
a) Soutien majeur
b) 1/1/1
c) Description (force et distribution)
aa) Mains régulières
bb) Mains unicolores
cc) Mains bicolores
3. Après un 2/1
a) Le soutien majeur
b) Sans-Atout
c) Les soutiens mineurs
d) Les bicolores
4. Après une réponse à Sans-Atout
a) Après ouverture mineure
b) Après ouverture majeure
5. Après un changement de couleur à saut
III. La deuxième enchère du répondant - Principes
1. Sur une redemande faible ou ambiguë
a) Sans-Atout
b) Répétitions
c) Autres
aa) Redemande 1SA
bb) En général (notamment la « quatrième couleur »)
cc) L'inversée du répondant
2. Sur une redemande forte
IV. La troisième enchère de l'ouvreur - Principes
E. Les Chelems
I. Le petit chelem
II. Le grand chelem
F. Les Enchères compétitives
I. L'intervention du n° 2 sur une ouverture de 1 à la couleur
1. L'intervention par 1SA
2. L'intervention à la couleur
3. Le Contre d'appel
II. Les réponses à l'intervention du n° 2
1. Sur l'intervention à 1SA
2. Les réponses du n° 4 après intervention du n° 2 à la couleur au niveau de un
a) Les soutiens
b) Les changements de couleur
c) Sans-Atout
3. Développement des enchères après intervention par un contre d'appel
a) Les réponses du n° 4
aa) Les réponses à la couleur
bb) Les réponses à Sans-Atout
cc) Le Cue-bid
b) Suite des enchères
III. Les réponses à l'ouverture du partenaire après intervention à la couleur
1. Les soutiens
2. Sans-Atout
3. Les changements de couleur
4. Le Contre Spoutnik
IV. Les réveils
G. SIF - SEF
H. La Signalisation en flanc
J. Le « 2♣ ROUDI »


A. Introduction


I. Les objectifs du SIF

Le SIF vient combler l'espace entre le Mini-Bridge, système très simplifié destiné aux débutants, et le SEF, plus performant en compétition.

Joueurs : Destiné principalement aux débutants, le SIF pourra être utilisé avec profit par ceux que le SEF rebute ou qui ne se destinent pas à la compétition.

Domaine d'application : Le but prioritaire du SIF est la recherche des meilleures manches. Il permet d'annoncer sans grand problème la majorité des donnes de partielles ou de manche. Il ne fait qu'aborder le problème des enchères à quatre ou des mains de chelem.

Enchères étudiées : Le SIF permet de trouver la bonne enchère pour l'ouverture, la réponse et la deuxième enchère de l'ouvreur. Les autres enchères proposées, sauf de rares exceptions, seront des conclusions. Le présent document expose encore divers principes de la deuxième enchère du répondant et risque encore quelques mots sur la troisième enchère de l'ouvreur.

Rédacteurs : Le SIF a été élaboré par la Commission nationale pédagogique de la Fédération française de Bridge, avec l'aide de l'Université du Bridge.

Connaissances requises : Ce document est l'exposé d'un système, sans que les raisons présidant aux choix effectués soient explicitées. Il est accessible à tout lecteur, y compris débutant, mais ne saurait remplacer un manuel.

II. Notations et définitions

1. Symboles utilisés

M indique une couleur « majeure » (Pique, , ou Cœur, ), ou les couleurs majeures selon le cas, M' l'autre couleur majeure ; m et m' jouent le même rôle pour les couleurs mineures (Carreau, , et Trèfle, ) ; x, éventuellement y indiquent une couleur quelconque. On utilise parfois les symboles mathématiques = pour « égal », > pour « supérieur », pour « supérieur ou égal » (« au moins »). Enfin, l'enchère « Trois-Cœur » est caligraphiée « 3♥ » et la présence de trois cartes à Cœur est parfois abrégée « trois  ».

L'ouvreur est le joueur qui fait la première enchère : c'est le joueur n° 1 ; le joueur placé à sa gauche (après lui) est le joueur n° 2 ; son partenaire est le joueur n° 3, le répondant ; le joueur placé à sa droite (avant lui) est le joueur n° 4.

2. Définitions

a) Les mains

On peut classer une main, selon sa distribution, dans l'une des catégories suivantes :


b) Les annonces

Fit et misfit
Une couleur fait un bon atout à partir de huit cartes en tout dans le camp. Elle est un « fit ». Le camp est « fitté ». Le fit peut être majeur ou mineur. Le camp peut compter plusieurs fits ; il peut être au bénéfice d'un « double fit » (deux couleurs de huit cartes ou plus dans le camp).
L'on parle de « misfit » autrement.

Forcing / limit / sign off
Une enchère est « forcing » lorsqu'elle contraint le partenaire à parler :

Force
Certaines enchères indiquent une main définie précisément en force et en distribution : ce sont des enchères précises. D'autres indiquent simplement un minimum de points ; par abus de langage, on qualifie ces dernières d'« illimitées ». Enfin d'autres, quoique limitées, couvrent un champ assez vaste : ce sont des enchères « ambiguës ».
On dit d'une main qu'elle est « forte » lorsqu'elle se situe dans la zone supérieure de la fourchette de points précédemment décrite, « maximum » lorsqu'elle compte précisément le maximum de cette fourchette.

Déroulement des annonces
Le dialogue entre l'ouvreur et son partenaire, sans interférence adverse est qualifié d'« enchères à deux », dites aussi « dans le silence adverse ». La première enchère de l'ouvreur est l'« ouverture », la première enchère de son partenaire s'appelle la « réponse », la deuxième enchère de l'ouvreur la « redemande » et la deuxième enchère du répondant la « deuxième réponse ».
L'enchère ou le contre d'un joueur du camp qui n'a pas ouvert est une intervention si elle suit immédiatement une enchère adverse. On parle alors d'une séquence d'enchères compétitives. Apèrès l'ouverture et son éventuelle suite, une enchère venant après deux Passes consécutifs est un « réveil ».


III. L'évaluation des mains

(HLD, résumé en encadré)

1. Les points


2. La méthode

A l'ouverture le critère est la somme des points d'honneurs et des points de longueur (HL).

Ensuite, tant qu'un fit n'est pas trouvé, les deux joueurs évaluent leur jeu de même (points HL ; exceptionnellement, et les cas seront signalés, on compte en points H).

Dès qu'un fit est trouvé, chacun évalue en points HLD, sans oublier de défalquer les éventuels points de longueur de la couleur devenue l'atout.


IV. Détermination du contrat final

Le contrat final sera une partielle (de 2♣ à 3♠, ainsi que 4♣ et 4♦), une manche (3SA, 4♥, 4♠, 5♣ ou 5♦) ou un chelem (petit chelem de 6♣ à 6SA, grand chelem de 7♣ à 7SA).

Lorsque la force combinée des deux mains atteint 25 points HL (ou 27 points HLD en cas de fit majeur), la manche doit être appelée. Sinon, s'il apparaît que ces valeurs sont exclues, l'on s'arrêtera au plus vite (l'adage « on n'améliore pas une partielle » ; évidemment tempéré de nombreuses exceptions ! ne dit-on pas : « le Bridge est un jeu de règles, dont on n'applique que les exceptions » !?).

Le petit chelem est envisageable à partir de 33 points, le grand de 37.

Les manches les plus faciles à réalisée sont 4♥ et 4♠, avec 27HLD et au moins huit atouts entre les deux mains ; puis 3SA (25HL) ; enfin 5♣ et 5♦ (29HLD).

L'on ne demande donc 3SA qu'en l'absence d'un fit majeur huitième. 5♣ ou 5♦ de même, et encore si 3SA paraît impossible, par exemple faute d'arrêt dans une couleur d'entame (notamment une couleur nommée par l'adversaire ; ou si la séquence d'enchère a dégagé une seule couleur non nommée et l'a ainsi désignée pour l'entame ! si la séquence a laissé deux couleurs non nommées, l'on ne se soucie pas de les tenir les deux !), ou en raison de distributions par trop excentrées, ou parce que, en raison d'un fit neuvième ou dixième à Trèfle ou Carreau, la manche dans cette couleur paraît plus aisée.

Le premier objectif des enchères sera donc de déceler la présence d'un fit majeur huitième (4-4 ou 5-3 ou 6-2), puis la présence des points requis.


B. L'Ouverture


L'ouverture est obligatoire à partir de 12 points H ou 13 points HL.

I. Les ouvertures précises

1. Les ouvertures à Sans-Atout

Les ouvertures de 1SA et 2SA proviennent de mains régulières (parfois semi-régulières avec honneurs éparpillés) sans majeure cinquième :

1SA avec 16-18 HL

2SA avec 21-22 HL

2. Les « Deux Forts »        (20-22HL)

2♥ ou 2 ♠ : 20-22HL et
  • Unicolore majeur (majeure sixième), 6322, 6331 ou 7xxx ; ou
  • Bicolore 6-4 ; ou
  • 5332, majeure cinquième
L'on ouvre donc de 1M les bicolores 54xx, 55xx et 65xx de 20HL+ et, si la réponse est au niveau de un, l'on sautera, en redemande, dans la seconde couleur
En SEF, les ouvertures de 2♥ et 2♠ sont faibles (mini-barrage, unicolore de 7-9H),

et l'ouverture de 2♦ est artificielle et forcing de manche, se substituant au 2♣.

2♦ : Unicolore Carreau (six cartes, 6322, 6331 ou 7xxx) de 20-22 HL.

3♣ : Unicolore Trèfle de 20-22 HL (3♣ St-Mandé)

(Je vous conseille vivement de convenir que l'ouverture de 3♣ est identique à celle de 2♦, avec les Trèfles à la place des Carreaux --mh)
Les réponses aux Deux Forts

II. Une ouverture artificielle

Le 2♣ Albarran : En SEF, l'ouverture de 2♣ est forte et englobe tous les unicolores forts (2♣ « fort indéterminé » ; un relais du répondant, à 2♦, permettant de lever les ambiguïtés).
Toutes les mains à partir de 23 points HL s'ouvrent de 2♣

L'ouverture de 2♣ est forcing de manche.

Les réponses au 2♣

III. Les ouvertures ambiguës (1 à la couleur)

Toutes les mains justifiant l'ouverture et ne rentrant pas dans les catégories précédentes s'ouvrent de 1 à la couleur.

L'ouverture de un à la couleur va donc de 13 HL à 22 HL. Elle dénie :

Dans la zone 20-22HL, elle serait forcément bicolore, 5-4 ou plus (ou 4441 traitée comme bicolore).

En présence d'au moins une majeure au moins cinquième, on ouvre de la couleur la plus longue et en cas d'égalité de longueur, de la couleur la plus chère. En l'absence de majeure cinquième, on ouvre d'1♦ avec au moins autant de Carreaux que de Trèfles, sauf dans le cas de trois Carreaux et trois Trèfles, auquel cas on ouvre d'1♣.

Exemple :
On ouvre d'1♦ avec cinq et cinq .
On ouvre d'1♦ avec quatre et quatre .
On ouvre d'1♣ avec trois et trois (toutefois d'1♦ si les trois Trèfles sont rachitiques, moins que Vxx).
Remarque : l'ouverture d'1♦ ne provient guère de trois cartes que dans le cas de la distribution 4432 (resp. pour ///) et la couleur s'avère alors correctement tenue (et jamais seconde) ; ou si les trois Trèfles sont rachitiques. L'on évite autant que possible d'ouvrir dans une couleur rachitique, même à Trèfle, où un demi-arrêt (Dx ou Vxx) est souhaitable (dans ce genre de situation, il faut choisir « le plus petit mensonge » : l'on préfère un Carreau troisième bien tenu à un Trèfle troisième rachitique. Idem pour les Carreaux : mieux vaut Dx à Trèfle que xxx à Carreau ! Voir aussi la problématique 1♦2♣ — ?)


IV. Les barrages

Les ouvertures aux niveaux de trois ou quatre à la couleur sont des « barrage » (sauf 3♣ si vous avez habilement choisi le 3♣ St-Mandé !), venant de 12 HL au plus et d'une assez belle couleur septième ; huitième au niveau de quatre.

C. Développements après les ouvertures précises

I. Les réponses à l'ouverture de 1SA

Face aux ouvertures, précises en force et en distribution, de 1SA et 2SA, le choix de la réponse dépend avant tout du nombre de cartes majeures du répondant : un fit majeur est-il impossible, possible ou certain ? Une fois un fit découvert, les mains de l'ouvreur et du répondant s'évaluent en HLD.

1. Le fit majeur est impossible

Le répondant possède au maximum trois cartes dans chaque majeure

 

HL Bid Interprétation Commentaires
0-7PasseConclusion Le répondant s'est décrit avec précision. Il est le « patron », qui sait tout ou presque. Le patron additionne ses propres points à ceux de son partenaire et sait ainsi si la manche est impossible (Passe), certaine (3SA) ou possible. Il exprime son doute en disant 2SA.
8-92SA Proposition : l'ouvreur déclare 3SA s'il est fort (17H ou 18HL)
10-143SA Conclusion
15-164SA Proposition : l'ouvreur déclare 6SA s'il est maximum (18HL)
15+3♣ / 3♦ Proposition pour 6♣ / 6♦ avec cinq cartes correctes : l'ouvreur déclare 3SA s'il n'est pas intéressé, nomme son contrôle (un As ou un Roi) le plus économique, au niveau de trois, s'il est fort et bien fitté dans la mineure du répondant


Le tableau de décision du patron :

Ce tableau de décision entrera en vigueur chaque fois que
l'un des partenaires fera de l'autre le patron par une enchère très précise.

2. Le fit majeur est possible

a) Une majeure quatrième

La recherche du fit s'effectue grâce à l'enchère artificielle de 2♣ (appelée Stayman) qui demande à l'ouvreur s'il a une ou deux majeures quatrièmes. L'ouvreur répond :
 

  Ouv. Rép. Interprétation
  1SA 2♣  
  2♦   sans majeure quatrième
  2♥   avec quatre et pas quatre
  2♠   avec quatre et pas quatre
  2SA   2SA avec quatre et quatre

L'utilisation du Stayman est réservée au cas où le répondant a au moins un espoir de manche. La suite des enchères dépend du nombre de cartes du répondant dans l'autre majeure.

aa) Sans cinq cartes dans l'autre majeure

En adoptant le principe du patron, vous pouvez tout calculer sur le tas.

bb) Avec cinq cartes dans l'autre majeure

En adoptant le principe du patron, vous pouvez tout calculer sur le tas.

b) Une majeure cinquième


3. Le fit majeur est certain

Dans la mesure où l'ouvreur d'1SA a au plus un doubleton (s'il est parfois 5422 ou 6322, ses deux doubletons sont forts et font l'affaire ! idem avec un 4441, parce que le singleton est alors un gros honneur !), le répondant est certain de trouver un fit majeur dans l'un des deux cas suivants.

a) Une majeure sixième

HLD = 0-7 :2M = Conclusion
HLD = 8-9 :2♣ Stayman suivi de 2M, 3M s'il le faut
(4M si l'ouvreur répond les deux majeures ou la majeure en question : fit dixième !)
HLD = 10-14 :4M = Conclusion

b) Deux majeures cinquièmes

HLD = 0-7  :2M = Conclusion
HLD = 8-9  :2♣ Stayman suivi de 2M, 3M s'il le faut
(voire 4M en vertu du fit neuvième !)
HLD = 10-14 :3♠ puis 4♥ si l'ouvreur revient à 3SA

L'on aura observé que le 2♣ Stayman sert en première ligne à découvrir un fit majeur 4-4, mais également à décrire la zone 8-9 HL avec une majeure cinqième ou sixième faute d'enchère spécifique : d'abord le Stayman, puis la majeure au niveau minimum ; cette majeure cinquième n'est évidemment pas gênée par la présence de l'autre, quatrième : d'abord le Stayman, qui peut révéler le fit 4-4, puis, à ce défaut, la majeure longue au niveau minimum avec 8-9HL, avec saut au niveau de trois avec 10HL+ (un tel saut après Stayman garantit indirectement l'autre majeure quatrième, sans quoi le saut à 3M serait venu immédiatement sur 1SA ; mais peu importe).

4. Tentative de chelem après Stayman

Après son Stayman infructueux, le répondant peut également, comme il le faisait plus haut directement sur l'ouverture, nommer une mineure au niveau de trois pour les mêmes signification et suite (proposition pour le chelem que l'ouvreur minimum ou peu fitté doit décliner par 3SA ; l'on verra plus loin que le répondant dispose de possibilités semblables après sa recherche infructueuse de fit majeur 5-3).

Après son Stayman infructueux, le répondant peut également, comme il le faisait plus haut directement sur l'ouverture, déclarer 4SA pour suggérer 6SA à un ouvreur fort. Si la réponse au Stayman révèle un fit 4-4, il peut faire de même en nommant ce fit au niveau de cinq : l'ouvreur ajoute le sixième s'il est fort, passe s'il est faible.

Les tentatives de chelem par 4SA, 5♠ ou 5♥, sont des tentatives dites « au poids ». On ne les rencontre guère que sur les ouvertures à Sans-Atout.

II. Les réponses à l'ouverture de 2SA

Les réponses sont calquées sur les réponses à l'ouverture d'1SA, mais, bien que le répondant puisse passer sur 2SA, toutes ses réponses sont forcing de manche.

1. Le fit majeur est impossible

2. Le fit majeur est possible

a) Une majeure quatrième

b) Une majeure cinquième

c) Une majeure quatrième et une majeure cinquième

3. Tentative de chelem après Stayman

Après son Stayman infructueux, le répondant peut également, comme il le faisait plus haut directement sur l'ouverture, nommer une mineure au niveau de quatre pour les mêmes signification et suite (proposition pour le chelem que l'ouvreur minimum ou peu fitté doit décliner par 4SA, peut, fort et bien fitté, agréer en nommant son contrôle, un As ou un Roi, le plus économique). L'on verra plus loin que le répondant dispose de possibilités semblables après sa recherche infructueuse de fit majeur 5-3.

Après son Stayman infructueux, le répondant peut également, comme il le faisait plus haut directement sur l'ouverture, déclarer 4SA pour suggérer 6SA à un ouvreur fort. Si la réponse au Stayman révèle un fit 4-4, il peut faire de même en nommant ce fit au niveau de cinq : l'ouvreur ajoute le sixième s'il est fort, passe s'il est faible.

4. Le fit majeur est certain

a) Une majeure sixième

b) Deux majeures cinquièmes

III : Les réponses aux ouvertures de Deux Fort

Le répondant muni de seulement 0-4HL peut passer mais, autrement, toutes ses réponses sont forcing de manche

1. Les soutiens majeurs

2. Les changements de couleur

3. Sans-Atout

IV. Les réponses à l'ouverture de 2♣ « Albarran »

La suite est naturelle et l'on ne s'arrête en aucun cas avant la manche ! L'ouvreur nomme ses couleurs, en commençant par la plus longue, par la plus chère en cas d'égalité de longueur, mais le répondant qui n'a rien serait bien avisé d'y renoncer pour revenir à Sans-Atout ou soutenir : dans cette idée, un répondant qui nomme des couleurs montre du jeu et de l'espoir (de chelem !). Fitté et intéressé (par un chelem !), il peut commencer par nommer une telle nouvelle couleur, fût-elle courte, dans laquelle il détient un As ou un Roi, dans l'idée de revenir ensuite au fit : il aura, ainsi, montré son intérêt, parce que sans un tel, il aurait d'emblée fitté ou aurait d'emblée nommé Sans-Atout.

Sans-Atout s'avère ainsi le « joker faible » du répondant : il y revient systématiquement s'il n'a plus rien à dire. Il peut aussi soutenir, mais une main vraiment nulle ne le devrait même pas !

L'ouvreur qui s'aperçoit, grâce à la réponse aux As, que deux As font défaut, devrait, s'il le peut, sauter d'emblée à la manche pour le signaler.

Si l'ouvreur redemande par 2SA (régulier), l'on procède exactement (mais le Passe est interdit) comme sur l'ouverture de 2SA (notamment 3♣ Stayman).

Sur une réponse CRM (2 As), tout est décalé d'un niveau et tout est ainsi forcing jusqu'à 4SA (qui est alors une enchère naturelle non forcing). Par exemple sur une redemande à 3SA, 4♣ du répondant est un Stayman !

De même sur les réponses 3♣ et 3♦, sauf que la redemande à 3SA n'est pas forcing.

Si l'adversaire est intervenu, l'on renonce à répondre « aux As », au profit d'enchères naturelles.

D. Développements après les ouvertures de 1 à la couleur

I. Les réponses

1. Les réponses à l'ouverture majeure

Les réponses ci-dessous sont présentées par ordre de priorité décroissant : la première possible sera la bonne !

a) Les soutiens

L'expression directe d'un soutien de la majeure d'ouverture, quel qu'en soit le palier, garantit un minimum de trois cartes dans celle-ci :

Le répondant faible ou moyen (de 6 à 12 HLD) muni de trois cartes dans la majeure d'ouverture doit obligatoirement soutenir celle-ci comme dit ci-dessus, nonobstant une belle couleur annexe longue !

Il n'est autorisé à déroger, soit à annoncer une nouvelle couleur, au moins quatrième au niveau de un (1♠), au moins cinquième et correcte au niveau de deux, qu'avec au moins 13 HLD. Il déroge obligatoirement avec 15 HLD ou plus, fût-ce dans une couleur fictive au niveau de deux (1♠ est toujours quatrième), pour soutenir ensuite au niveau de quatre avec 13-15 HLD, au niveau de trois avec 16 HLD+.

Ce « soutien différé » du répondant, au deuxième tour, du niveau de trois dans la majeure d'ouverture, sur une redemande faible de l'ouvreur (Sans-Atout ou répétition ou bicolore économique ; voir plus bas), sera forcing et ouvrira la voie à une éventuelle recherche de chelem par nomination de « contrôles ». Sur un tel, l'ouvreur minimum reviendra au fit, autrement, soit muni d'une main agréable qui autorise des espoirs (de chelem !), compte tenu de la force annoncée en face, procédera comme dit plus bas, soit nommera son contrôle le plus économique.

b) Les changements de couleur

Pour annoncer une nouvelle couleur au niveau de un, il faut un minimum de 6 points HL et quatre cartes dans la couleur. Au niveau de deux (sans saut), il faut 11 points H. Ces annonces sont illimitées, forcing au niveau de un et autoforcing au niveau de deux.

Choix de la couleur de réponse :

Cas particulier :

c) Les réponse à Sans-Atout

Avec saut :
indiquent une main régulière, sans fit de trois cartes dans l'ouverture, sans quatre cartes dans l'autre majeure et plutôt sans couleur cinquième :

1SA :
garantit au moins 6 points HL, soutien impossible, changement de couleur impossible (« joker » 6-10).

2. Les réponse à l'ouverture mineure

Les conditions nécessaires aux différentes enchères sont les mêmes, mais l'ordre de priorité est différent.

a) Les changements de couleur

Le choix de la couleur de réponse s'effectue selon les mêmes critères qu'après une ouverture majeure. Un changement de couleur garantit au moins quatre cartes et un minimum de 6 points HL au niveau de un. Il s'agit d'une enchère forcing pour un tour et illimitée.

2♣ sur 1♦ montre au moins 12 points HL ou 11 points H et est autoforcing.

b) Les réponses à Sans-Atout

Ce sont des enchère limitées, non forcing, qui dénient la possession d'une majeure quatrième. Avec saut, ces réponses garantissent une main régulière.

(La main non fittée de 11HL, dont seulement 10H, est délicate et passée sous silence par la suite : il convient de la traiter comme valant 10HL puis, au deuxième tour, de nommer encore 2SA si l'ouvreur fait un « bicolore économique ».)

c) Les soutiens

L'expression directe d'un soutien garantit, en principe, cinq cartes dans la mineure d'ouverture.

3. Les réponse après un Passe initial

Les conditions d'emploi des différentes réponses sont les mêmes, mais aucune enchère du répondant n'est désormais forcing.

4. Les changements de couleur à saut

Sauter dans une nouvelle couleur, plus chère au niveau de deux ou moins chère au niveau de trois, montre une main unicolore de 18HL+. Il devrait même s'agir d'une très belle couleur sixième.

Le même après Passe initial au niveau de deux : unicolore de 11-12HL, non forcing, couleur sixième quelconque (ou 6-4 majeur-majeur : la majeure quatrième est ignorée au profit de la majeure sixième ! mais le soutien d'un Cœur d'ouverture reste prioritaire).

Certains répondants inversent avec profit le saut en majeure au niveau de deux (2♥ ou 2♠ à saut en réponse) avec la répétition à saut au niveau de trois comme ceci : le saut immédiat est non forcing et montre un unicolore limit (six cartes, 11-12HL), tandis que la répétition à saut est forcing, dès 13HL (mais ne garantit pas une très belle couleur ou 18HL)...

 

Ouest E
1♣1♥
1♠3♥
Les enseignants connaissent la difficulté du débutant à retenir que, dans cette séquence, 3♥ n'est pas forcing ! (voir plus bas). Il est donc plus simple d'inverser et convenir que le saut immédiat à 2♥ ou 2♠ vient de l'unicolore limit (11-12HL), la présente séquence d'un unicolore forcing (13HL+).
Plus simple, également plus logique :
  • on joue 2♥ au lieu de 3♥ si l'ouvreur ne se compte que 13-14HL (il passe ! même avec davantage de points s'il est court à Cœur : plus il est court, plus il passe !), et l'on peut encore prospecter par un relais à 2SA et s'arrêter à 3♥ : sur ce relais à 2SA, le répondant :
    • nomme un Roi au niveau de trois avec une belle main
    • nomme un singleton au niveau de quatre (à 4♥ pour singleton Pique) avec une belle main
    • revient à 3♥ autrement
  • l'on dispose d'une enchère claire, sur la redemande à 1♠, avec l'unicolore forcing (que faire, autrement ?)
  • 3 forcing permet de prospecter un chelem (l'ouvreur qui nommerait, là-dessus, une nouvelle couleur manifesterait de l'enthousiasme : fit Cœur, belle main, contrôle...).
  • l'on perd certes l'annonce, en une fois, du splendide unicolore de 18HL+, bien pratique, mais... bien rare !

II. Les redemandes (2e enchère de l'ouvreur)

1. Après un soutien majeur du répondant

Un fit majeur ayant été découvert, la seule question restant à résoudre est la hauteur du contrat. Pour cela, l'ouvreur réévalue sa main en points HLD (rappel : on ne compte pas de points de longueur dans la couleur d'atout) et fait le total des points de son camp.

2. Après un changement de couleur « un sur un » (« 1/1 »)

La réponse étant très imprécise, l'ouvreur n'a jamais les éléments nécessaires à une conclusion. Il doit donc se décrire selon l'ordre de priorité décroissant ci-après :

a) Soutien de la majeure du répondant

Toujours au moins quatre atouts. Le niveau du soutien dépend de la force :

b) Annonce d'une majeure au niveau de un (« 1/1/1 »)

Il faut au moins quatre cartes dans cette majeure (avec les deux majeures quatrièmes, l'on commence par annoncer les Cœurs si le répondant a répondu 1♦). Cette enchère est ambiguë quant à la force et à la distribution. Elle est limitée à 19 points HL avec une main irrégulière et 20 points HL avec une main régulière. Elle est, à défaut d'un soutien majeur de la lettre a, obligatoire en vertu de l'ordre de priorité de ces lettres. Elle doit toutefois se produire à saut, au niveau de deux, avec un bicolore (5-4 ou 6-4) de 20-22HL. Le répondant poursuivra sa description.

Le 1/1/1 n'est pas forcing, puisque limité à 20HL pour les mains régulières, à 19HL pour les mains bicolores, mais le répondant ne passera qu'avec 5-6H, jamais avec 7H. L'on en déduit que si le répondant reparle sur un tel 1/1/1, il garantit au moins 7HL !

Le bicolore à saut au niveau de deux est au contraire forcing de manche

c) Description de la distribution et de la force

La nature de la redemande est déterminée par la distribution, le niveau par la force :

aa) Mains régulières

Avec une main régulière, redemande à Sans-Atout :

En observant qu'une main de 16-18HL se sera ouverte de 1SA !
(mais voir plus bas si l'ouverture était en majeure)

Et en rappelant qu'aussi bien 1SA que 2SA dénient une majeure quatrième annonçable au niveau de un !

L'ouvreur régulier de 19-20HL redemande par 2SA. Cependant il annonce obligatoirement sa majeure quatrième au niveau de un s'il le peut. Il pourra — dans ce dernier cas, ensuite de son 1/1/1 —, au tour suivant, si le répondant reparle et sous réserve d'un fit majeur, d'emblée sauter à 3SA (et non se contenter de 2SA), puisque ce répondant, nous l'avons vu, a garanti 7HL en reparlant sur le 1/1/1 !

bb) Mains unicolores

Avec une distribution unicolore, répétition :

La répétition à saut garantit formellement une main unicolore, donc six cartes dans la couleur, mais la répétition simple ne la garantit pas (voir le tableau ci-dessous, sous « bicolore cher », et encore après 2/1).

cc) Mains bicolores

Avec une distribution bicolore, annonce de la deuxième couleur :

L'ouvreur annonce sa deuxième couleur s'il le peut (n.b. que le bicolore n'est exprimé de façon certaine que par l'annonce de la deuxième couleur à un niveau supérieur, parce qu'un 1/1/1 peut provenir d'une main régulière).

Ouvreur Répondant Le bicolore économique : (par « bicolore », l'on entend également l'annonce, par un joueur, de deux nouvelles couleurs) :
Un bicolore est « économique » lorsque l'annonce de la deuxième couleur ne dépasse pas le niveau de la répétition simple de la première. Elle montre une main de treize à dix-neuf points HL (13-19HL). Ici 2♣ est en dessous de 2♦.
1♦ 1♠
2♣  

 

Ouvr. Rép.   Ouvr. Rép. Le bicolore à saut : A partir de vingt points HL (20HL+), le bicolore économique et le 1/1/1 ne sont plus possibles. L'ouvreur doit donc annoncer sa seconde couleur en sautant : c'est le « bicolore à saut ». Cette enchère est forcing de manche. Ici 3♣ constitue un saut par rapport à 2♣.
1♦ 1♠   1♣ 1♦
3♣     2♥  

Ouvr. Rép.   Ouvr. Rép. Le bicolore cher : Un bicolore est « cher » lorsque l'annonce sans saut de la deuxième couleur dépasse le niveau de répétition de la première (critère pris de la réponse, non d'une intervention du joueur n° 4 ! ici, 1°, 2♥ est au-dessus de 2♦ et, 2°, 3♣ est au-dessus de 2♠). Ce procédé montre dix-huit points HL (18-22HL) et est autoforcing (sans les 18HL requis, l'ouvreur doit taire sa deuxième couleur et répéter la première !).
1♦ 1♠   1♠ 2♦
2♥     3♣  

Les séquences de ces tableaux garantissent une distribution au moins 5-4 (cinq cartes dans la couleur d'ouverture).

L'on distingue, pour la terminologie, parmi les bicolores chers :

Le bicolore cher à saut n'existe pas.

En application des règles d'ouverture, « une inversée ne s'invente pas ». Elle ne vient que si la première couleur est moins chère et plus longue que la première (sauf dans le cas d'un 4441) !

Avec un 6-4, l'annonce de la seconde couleur, si elle est possible compte tenu de la nature du bicolore qu'elle provoque et de la force de la main, est prioritaire sur la répétition. L'inverse avec un 7-4, qu'il vaut mieux considérer comme un unicolore (sans préjudice d'un 1/1 prioritaire, alors dans une majeure quatrième, ni d'une inversée dans celle-ci, alors avec une main forte).

3. Après un changement de couleur « deux sur un » (« 2/1 »)

Tous les principes de développement précédents restent valables à l'exception des points suivants :

a) Le soutien majeur

Sur la séquence 1♠ - 2♥, le soutien à est donné à partir de trois cartes puisque le répondant en a au moins cinq.

b) Les redemandes à Sans-atout

2SA montre une main régulière d'au moins 15HL, soit le complément de manche ; 2SA, sur un 2/1, est ainsi une enchère forcing au moins jusqu'à 3SA. L'ouvreur minimum, 13-14HL, est donc contraint de répéter sa couleur d'ouverture, fût-ce un Carreau quatrième ! Cela donne :

1° Ouverture majeure :

2° Ouverture 1♦ :

Car, après ouverture mineure, les zones 16-18 et 21-22 HL sont d'emblée exclues : ouvertures de 1SA et 2SA !
(Pour éviter autant que possible une répétition de Carreaux courts, l'on serait bien avisé, avec 13-14HL, d'ouvrir de 1♣, avec au moins un demi-arrêt (Dx ou Vxx), plutôt que de 1♦, malgré quatre cartes à Carreaux !)

L'on observe donc qu'une répétition au niveau minimum de la couleur d'ouverture ne dit rien de la distribution de l'ouvreur : nous avons vu qu'elle pouvait venir d'un bicolore qui n'a pas les moyens d'annoncer sa seconde couleur (en bicolore cher !), maintenant qu'elle peut venir d'une main régulière qui n'a pas les moyens d'annoncer 2SA ! Elle peut donc venir d'un unicolore comme d'un bicolore ou d'une main régulière ! Et, à 2♦, elle ne garantit même pas cinq cartes sur 2♣ !

Il reste qu'elle dénie une deuxième couleur annonçable en bicolore économique (puisque même le 6-4 annonce, si possible, sa seconde couleur), la possibilité d'annoncer Sans-Atout comme, en principe, les possibilités fortes (mais rappelons qu'elle est forcing sur un 2/1 puisque celui-ci est autoforcing !)

c) Les soutiens mineurs

L'ouvreur prendra garde à ne pas dépasser le palier de 3SA dans l'expression d'un soutien mineur, même avec des mains fortes.

d) Les bicolores

En raison du 2/1, tous les bicolores sont forcing. Il n'y aura donc plus de bicolore à saut.

Le bicolore cher vient déjà de 17 points HL.

4. Après une réponse à Sans-Atout

Les principes de développement précédents restent valables.

Avec une main régulière, sur 1SA du répondant, l'ouvreur procédera de la façon suivante :

a) Après ouverture mineure :

     (16-18HL et 21HL+ exclus !)

Idem sur un soutien mineur au niveau de deux. Notamment 2SA, qui reste, bien que sans saut, à 19-20HL !

b) Après ouverture majeure :

     (20HL+ est exclu, mais pas 16-18 !)

Et le principe du patron devrait résoudre la suite, sous réserve de ce point délicat :

L'ouvreur régulier de un en mineure a exclu les zones 16-18 et 21-22 (avec quoi il aurait ouvert de 1SA, respectivement 2SA). L'ouvreur de 1M a exclu la zone 20-22 (avec quoi il au rait ouvert de 2M), cependant pas la zone 16-18, parce que les ouvertures de 1♠ et 1♥ sont prioritaires, avec cinq cartes, sur l'ouverture de 1SA. Les zones 13-15 et 18-19 sont bien couvertes par ce qui précède, mais la zone 16-17 l'est mal (on a vu plus haut que, après un 2/1 du répondant, les zone sont correctement couvertes : 2répét=13-14, 2SA=15-17 et 3SA=18-19). On tente de résoudre le problème comme ceci : l'ouvreur invente un bicolore économique à 2♣ ou 2♦ (dans une mineure troisième bien tenue, à 2♣ en cas d'équilibre), sur quoi le répondant passe avec un singleton dans la première couleur et un avantage d'au moins deux cartes sur cette deuxième couleur par rapport à la première, et il n'y a pas de manche, « préfère » la première couleur avec deux cartes, parfois même une seule, et il n'y a probablement pas de manche non plus faute de fit (mais sans préjudice pour l'ouvreur de redonner un « coup de manivelle »), ou enfin nomme 2SA avec 10H, 10-11HL ! Sur un tel 2SA, la manche est retrouvée quand l'ouvreur est 16-17HL !

L'on procède de même, avec un 2533, après ouverture de 1♥ et réponse à 1♠ :

5. Après un changement de couleur à saut (unicolore de 18HL+, belle couleur)

Les règles qui précèdent ne s'appliquent plus au profit des suivantes :


III. La deuxième enchère du répondant - Principes

Dans la plupart des cas, le répondant aura des informations suffisantes sur le jeu de l'ouvreur pour conclure, en fonction de la table de décision.

1. Sur une redemande faible ou ambiguë

a) Sans-Atout

Annoncer les Sans-Atout montre la même force que les réponses à Sans-Atout au même palier.

au niveau de un, Exemple : 1♣ 1♥
de 6 à 10 points HL   1♠ 1SA
 
au niveau de deux, Exemple : 1♥ 1♠
de 11 H à 12 HL 2♣ 2SA
 
au niveau de trois, Exemple : 1♣ 1♥
de 13 à 15 points HL 2♣ 3SA

b) Répétitions

Répéter sa couleur est, sur une redemande faible, toujours non forcing et promet le plus souvent six cartes (la répétition est toutefois forcing sur une répétition à saut ou, au niveau de trois, sur un bicolore cher).

au niveau de deux, Exemple :  1♣ 1♥
de 6 à 10 points HL 1SA 2♥    (5 cartes)
En notant qu'un « fit » 5-2 est tout à fait suffisant — et bon ! — pour une partielle à 2♥/
(1SA a garanti deux cartes à Cœur, à tout le moins un gros honneur sec !
l'on procédait de même sur l'ouverture de 1SA : 2M avec 0-7HL !)
 
mais 6 cartes (6-10HL) Exemple :  1♣ 1♥
faute d'une telle redemande :   1♠ 2♥    (6 cartes)
 
au niveau de trois, Exemple :  1♥ 1♠
de 11 à 12 points HL 2♣ 3♠    (6 cartes)
 
  Exemple :  1♣ 1♥
de 11 à 12 HLD    1SA 3♥    (6 cartes)
 
après 2/1, Exemple :  1♠ 2♣
de 12 à 13 points HL 2♦ 3♣    (6 cartes)
 
au niveau de quatre, Exemple :  1♦ 1♠
de 13 à 16 points HLD 1SA 4♠    (6 cartes)
En observant, dans le dernier cas et l'antépénultième, que le fit est connu, parce que l'ouvreur, par 1SA en redemande, a annoncé une main régulière ou semi-régulière, partant garanti deux cartes dans la majeure de réponse, à tout le moins un gros honneur sec !

Et notez bien que, malgré le saut, les répétitions (ci-dessus à 3♥ et 3♠) ne sont pas forcing !

L'enchère de 3♣ de l'avant dernier cas n'est pas davantage forcing, mais elle l'aurait été si la redemande avait été à 2SA, parce qu'une telle vient de 15HL et engendre un processus forcing de manche, comme nous l'avons vu.

c) Autres

Dans les autres cas, le répondant tentera d'annoncer son jeu naturellement, en respectant les principes de l'introduction aux enchères.

Pour une première lecture et les tout premiers pas, l'on peut sans dommage sauter la fin de cette sous-section D.III.1, comme la section D.IV (davantage dans le registre du SEF que du SIF !), que l'on reprendra plus tard avec profit. Qu'il ne faudra cependant pas négliger, tant elles contiennent des structures de base indispensables.

aa) Redemande 1SA

Sur une redemande à 1SA (qui garantit au moins deux cartes, exceptionnellement un gros honneur sec, dans chaque couleur : main régulière !) :
Faible (6-10HL), le répondant pourra en rester là (Passe) ou préférer une partielle à la couleur au niveau de deux ; alors il pourra :

bb) En général

Sur quelconque redemande faible ou ambiguë (1/1/1, 1SA, répétition ou bicolore économique) :

L'on observe que, au niveau de deux (sous réserve de la quatrième couleur et de l'inversée ci-après), un bicolore du répondant est toujours faible (6-10HL). Il est « canapé » (deuxième couleur plus longue que la première) sur une redemande à Sans-Atout si la seconde couleur est une mineure, mais 5-4 - s'il s'agit des Cœurs nommés après une réponse à 1♠.

A l'inverse du SEF (qui joue la «  troisième couleur forcing  »), il convient de le jouer naturel faible, 5-4 ou 5-5 ou plus (pas canapé 4-6), 6-10HL, sur une répétition mineure :

Ouest E
1♣1♠
2♣2♦
Le répondant pourrait passer. Il tente d'améliorer la partielle en suggérant de jouer 2♦ ou 2♠ avec un 5-4 ou un 5-5 - (il n'a pas 11H-12HL, avec quoi il aurait dit 2SA ou 3♣, malgré cinq cartes à Pique ! ni 13HL+, avec quoi il aurait dit 3♦, notamment avec cinq cartes à Pique !). L'ouvreur doit préférer 2♠ avec deux cartes, sinon choisir entre Passe et, avec de beaux et longs Trèfles, 3♣.

Pourquoi cette différence (2♦, dans nos exemples, une fois « canapé », une fois « naturel ») suivant que la redemande est à 1SA ou en répétition mineure ?

Parce que 1SA garantit une main au moins semi-régulière (deux cartes partout, à la rigueur un gros honneur sec), et qu'alors le fit majeur 5-2 est suffisant — et bon ! — pour la partielle :

La répétition mineure ne promet rien de tel (l'ouvreur peut être chicane dans la majeure de réponse comme dans l'éventuelle mineure !), de sorte qu'il faut, pour améliorer la partielle, proposer une alternative. Avec quatre cartes à Pique, nommées en priorité, et six cartes à Carreau, l'on ne tente nulle amélioration de partielle : Passe sur 2♣ !

cc) L'inversée du répondant

Un bicolore du répondant du niveau de trois est toujours forcing de manche, mais toujours faible au niveau de deux, sauf sur un bicolore de l'ouvreur, parce qu'il s'exprime par l'annonce de la quatrième couleur vue ci-dessus et s'avère alors artificiel et forcing de manche (13HL+). A côté de la quatrième couleur, il faut encore réserver l'« inversée » du répondant :

Nord S
1♣1♥
1SA ou 2♣2♠
Le répondant exprime un bicolore de cinq cartes à Cœur et quatre cartes à Pique. Il force le camp à jouer au-delà de 2♠, puisque l'ouvreur a dénié, par 1SA ou 2♣, quatre cartes à Pique, donc au moins à 2SA. L'on en déduit que 2♠ est forcing. L'on en déduit encore que le répondant doit se compter au moins 11H (éventuellement 11HL) s'il veut assumer ce contrat.
Mais à quoi lui sert cette enchère, puisqu'il sait le camp non fitté Pique ? D'une part à manifester sa force (relative : 11HL+), d'autre part à obtenir un soutien différé dans ses cinq Cœurs et découvrir ainsi le fit Cœur.

Dans cette dernière perspective, elle lui épargne le saut à 3♦ (13HL+) sur 2♣, à 3♣ ou 3♦ (13HL+) sur 1SA, dans des couleurs où il n'aurait rien, à seule fin de solliciter le soutien différé à Cœur. Dans la première perspective, elle lui donne une autre solution que 2SA quand il n'aurait que 11-12HL.

Là-dessus l'ouvreur réagit naturellement :
  • 2SA (ou 3♣) : minimum (13-14HL), ni fit Pique (on le savait !) ni fit Cœur
  • 3SA : maximum (15HL, resp. 15-16HL), pas de fit Cœur, arrêt Carreau
  • 3♥ : fit Cœur, minimum
  • 4♥ : fit Cœur, maximum
Observons qu'il faut tenir les Carreaux pour donner 3SA, parce qu'il n'y a pas de doute que, dans cette séquence, l'entame sera à Carreau ! (et parce que le répondant, pour avoir choisi 2♠, ne les tient sans doute pas...)

L'inversée du répondant est forcing, mais pas forcing de manche : il peut ne compter que 11H. Il s'ensuit que les 2SA ou 3♣ ou 3♥ (l'exemple ci-dessus) de l'ouvreur ne sont pas forcing. Celui-ci n'omettra donc pas de sauter avec 15HL ! L'on dit qu'il doit donner « le plein de sa main ».

L'on considère de même, sans aucun changement, la séquence suivante (inversée du répondant après 2/1) :

Ouest E
1♦2♣
2♦2♥ / 2♠
Cinq cartes à Trèfle, quatre cartes à Cœur/Pique, dès 11H (dès 10H si les honneurs sont concentrés dans les deux couleurs ou avec un semi-fit Carreau, 1435 ou 4135), forcing, mais non forcing de manche : l'ouvreur doit maintenant donner le « plein de sa main » comme ci-dessus
  (Notons que le SEF joue maintenant cela semi-artificiel et forcing de manche...)

2. Sur une redemande forte

Sur un bicolore cher de l'ouvreur du niveau de deux (une « inversée »), le répondant

Idem, mutatis mutandis, sur un bicolore cher du niveau de trois ou un bicolore à saut, mais tout est alors forcing de manche.

Idem, mutatis mutandis sur une répétition à saut, où toutes les enchères du répondant sont forcing de manche

Idem, mutatis mutandis sur une redemande à 2SA, sauf que la répétition du répondant est sign off (comme sur une redemande à 1SA !) : avec cinq cartes et les points de manche, il doit, comme sur une redemande à 1SA, nommer sa meilleure mineure au niveau de trois, le cas échéant en soutenant la mineure d'ouverture, pour obtenir un soutien différé !

IV. La troisième enchère de l'ouvreur (4vet !)

Nous avons, ici et là, évoqué quelques cas relatifs à cette situation. La plupart du temps cette suite, si le contrat final n'est pas déjà atteint, est triviale et découle de ce qui précède. J'aimerais, maintenant que vous jouissez d'une certaine pratique et ne craignez pas d'en apprendre davantage, vous entretenir de ceci :

1.
Nord S
1♣1♥
1♠1SA
2SA 

Par 1♠, l'ouvreur peut être régulier (4333 ou 4xx4) ou bicolore (4xx5 ou 4xx6).

Il reparle sur une enchère non forcing, même faible (1SA, maximum 10H) — sans qu'il s'agisse d'améliorer la partielle : 2SA n'est pas meilleur que 1SA ! — et l'on en déduit qu'il envisage encore la manche.

Nous avions vu plus haut que son 1/1/1 à 1♠ le limitait à 20HL : avec une main régulière de 21-22HL, il aurait ouvert de 2SA et avec une main bicolore de 20-22HL, il aurait sauté à 2♠ sur 1♥.

Il a également exclu une main régulière de 16-18HL, avec laquelle il aurait ouvert de 1SA.

Maintenant, avec 2SA, il exclut encore une main régulière de 13-15HL et une main bicolore de 13-16HL, avec quoi, sur 1SA, il aurait passé ou mis 2♣ avec six cartes (4xx6).

Que lui reste-t-il ? Il est :

Nous avions vu plus haut que, avec 5-6H, le répondant serait avisé de passer sur 1♠, autrement dit que son 1SA, maintenant, garantit au moins 7HL !
Or que fait un ouvreur régulier muni de 19HL quand il connaît 7HL en face, en vertu du principe du patron ? Il additionne 19 à 7 et aboutit à 25HL ! Il appelle donc d'emblée, sur 1SA, 3SA ! Cette main régulière de 19-20HL est ainsi également exclue par 2SA.

Il ne reste donc plus que le bicolore 17-19HL !

Et pas n'importe lequel : on peut s'imaginer que, avec un 4xx6 de 17-19HL, l'ouvreur aurait estimé naturel d'enchérir à 3♣. Il est donc plutôt 4225 ou 4135. Par son 2SA au troisième tour, il décrit donc paradoxalement un bicolore, plus précisément un bicolore 4xx5 de zone 2, de 17-19HL !

L'on peut aussi raisonner comme ceci :

2SA est une proposition de manche. Avec 19HL, l'on y aurait conclu. Il s'agit donc de 16-18HL. Oui. Quoiqu'il faille se méfier des points D ou L en cas de misfits : deux bicolores inverses 5-4 exigent un nombre impressionnant de points H pour la réussite de 3SA, de sorte que 3SA avec un bicolore de 19HL n'est pas toujours avisé. Quoi qu'il en soit, le répondant mettra 3SA avec 9-10HL, passera le plus souvent avec 7-8HL, tandis que sa connaissance du bicolore de l'ouvreur l'orientera vers le bon choix (il donnera plus volontiers 3SA avec un honneur Trèfle !). Ce message (bicolore) peut au surplus se révéler précieux dans les cas où le répondant n'a pas limité sa main :

2.
Nord S
1♣1♦
1♥1♠
2SA 
Bicolore 5-4 - de 17-19HL (3SA avec régulier 19-20HL)

1♠, bien que forcing, n'est pas la « quatrième couleur » définie plus haut : le cas est particulier au niveau de un. La plupart posent, dans ce cas, après 1♣ - 1♦ - 1♥, par convention, le relais artificiel à 2, pour laisser à 1♠ son sens naturel (4 cartes)

 

3.
Nord S
1♣1♥
1♠2♦
3SA 
Bicolore 5-4 - de 17-19HL (4SA avec régulier 19-20HL)

2♦, « quatrième couleur », est forcing de manche, si bien que 2SA, chez l'ouvreur, là-dessus, serait forcing ; 3SA décrit bien le bicolore de zone 2 ; et 4SA viendrait bien décrire la main régulière de 19-20HL...

  (Mais l'on se rappelle que, sur une quatrième couleur, le soutien différé avec trois cartes dans la première couleur de son auteur est la première priorité, l'arrêt dans la quatrième couleur venant à ce défaut)

En résumé (R pour régulier, B pour bicolore, les points en HL) :

1.2.3.
1♣ 1♥
1♠ 1SA
 2♣ : B 6-4 13-16
  Passe : R 13-15
B 5-4 13-16
 • 2SA :
B 5-4 17-19
 • 3SA : R 19-20
 3♣ : B 6-4 17-19
 3♥ : 4315, 17-18,
non forcing
 2♦ : Relais forcing
1♣ 1♦
1♥ 1♠
 2♣ : B 6-4 13-16
 • 1SA : R 13-15
B 5-4 13-16
 • 2SA :
B 5-4 17-19
 • 3SA : R 19-20
 3♣ : B 6-4 17-19
1♣ 1♥
1♠ 2♦ (forcing de manche !)
 3♣ : B, 13-19 ! joker 
 • 2SA : R 13-15
B 5-4 13-16
 • 3SA :
B 5-4 17-19
 • 4SA : R 19-20
 2/3♥ : 3 cartes à Cœur,
13-16 / 17-21 HLD
« Joker » : Ni trois cartes à Cœur, ni arrêt Carreau ;
probablement cinq cartes à Trèfle, force ambiguë

Un mot sur ce relais forcing à 2♦ (vous observerez qu'il s'agit d'une « quatrième couleur », cette fois-ci de l'ouvreur!) : vous avez ouvert de 1♣ avec votre 4324 ou votre 4333 de 19-20HL, dû redemander par 1♠ et, maintenant que votre partenaire parle une deuxième fois, savez que la manche est dans les cartes. Mais ce partenaire peut bien détenir cinq cartes à Cœur. Il serait dommage de rater le fit Cœur et c'est bien ce qui se produirait si vous bondissiez à 3SA. Passez donc par ce relais à 2♦2♣ si l'ouverture était à 1♦) : votre partenaire comprendra et répétera, le cas échéant, ses cinq cartes à Cœur !

Une boutade sur le 4SA ci-dessus (R, 19-20), à l'adresse de ceux qui le voudraient Blackwood : la quatrième couleur est une question ; or on ne répond pas à une question par une question !

E. Les Chelems

I. Le petit chelem

Les enchères qui précèdent ont zoné le camp relativement aux valeurs 25HL et 27HLD.

Parfois l'on connaît 33HLD dans le camp : alors on saute l'étape ci-dessous et passe d'emblée à la suivante, le « Blackwood » plus bas (quand on ne peut pas sauter celle-ci également, pour nommer d'emblée le petit chelem, en raison de trois As devant ses yeux !).

Mais souvent, une fois le minimum de 27HLD acquis, l'on ignore si la valeur 33HLD, bien que possible, est acquise. Les enchères ont alors déjà atteint un niveau respectable. Comment en savoir davantage ?

L'astuce consiste à nommer, une fois le fit établi, de nouvelles couleurs, visiblement étrangères au contrat de manche projeté ! Ce procédé est le signe clair d'une « recherche de chelem » ou d'une « tentative de chelem » (provenant d'une main « limit-chelem »), émanant d'un joueur qui pense que la valeur de 33HL(D) est possible.

Le partenaire de l'auteur de ce procédé revient au fit au niveau minimum s'il n'est pas intéressé, notamment s'il est minimum de ses précédentes enchères, autrement appelle le chelem ou questionne aux As (par le Blackwood décrit ci-après) s'il voit les 33HLD ou, s'il hésite également mais se veut positif (« Oui, les 33HLD sont possibles, mais pas encore tout à fait certains : je ne suis pas minimum et vous laisse voir »), procède à son tour ainsi, soit nomme à son tour une couleur étrangère au contrat, étrangère au fit.

Chacune des couleurs ainsi nommées doit être « contrôlée », soit d'une teneur telle que le flanc n'y puisse encaisser deux levées à l'entame : As, ou Roi, ou chicane ou singleton. Une telle teneur s'appelle un « contrôle ». Sauter le palier d'une telle couleur étrangère au contrat final en dénie le contrôle : le partenaire, lui aussi démuni de contrôle dans la couleur sautée, ne pourrait que revenir au fit au niveau minimum.

Nous avions rencontré un procédé semblable après 1SA - 3♣/3♦... Notons qu'alors un contrôle de l'ouvreur venait établir le fit tacitement ! Voici encore un exemple simple :

Ouest E
1SA3♠
4♦ 
L'ouvreur est régulier. L'on jouera donc en priorité 4♥ ou 4♠, à ce défaut 3SA. Seul le répondant, en vertu d'une distribution très particulière, pourrait orienter la manche vers 5♣ ou 5♦

3♠, forcing, montre cinq cartes à Pique et le désir de jouer 4♠ si l'ouvreur est fitté par trois cartes, autrement 3SA. Celui-ci n'a donc aucune raison de dépasser le palier de 3SA ! Il n'en a pas le droit ! Il faut donc déduire de son 4♦ qu'il ne craint pas de dépasser 3SA parce qu'il est fitté Pique ! et sait que l'on jouera au moins 4♠ !
4♦ signifie donc : « Je suis bien fitté Pique et possède encore une main maximum, soit 18HL, maintenant peut-être même 19HLD ! (sinon je me serais contenté de 4♠ !) et, naturellement, le contrôle Carreau (par As ou Roi) »

Observons enfin que l'ouvreur a sauté les Trèfles : cela signifie qu'il ne possède aucun contrôle dans cette couleur, ni As ni Roi (ni singleton ni chicane : nous le savions en raison de son ouverture !). Il ne contrôle pas les Trèfles. Si le répondant ne les contrôlait pas non plus, c'est que le flanc pourrait y prendre deux levées à l'entame ! Un tel répondant, fût-il fort, verrait-il les 33HLD grâce à ses 14-15HLD, reviendrait néanmoins à 4♠, comme s'il était minimum (10-13HLD) ! Autrement il peut poser un Blackwood par 4SA.

Nous avions effleuré, plus haut, une autre technique pour marquer des ambitions : transiter par la « quatrième couleur » avant de conclure à une manche qui aurait pu être appelée d'emblée. Elle est délicate, parce que pas toujours limpide...

Une fois la valeur 33HLD probablement acquise, et sans qu'on ait constaté une absence patente de contrôle dans une couleur, il reste à contrôler un détail : que le flanc ne puisse encaisser deux As à l'entame ! C'est la convention « Blackwood », par 4SA :

L'enchère de 4SA est toujours une question (sous la seule réserve de la liste exhaustive ci-dessous) aux As dont les réponses sont :

Ce Blackwood est « normal » ou « 40-1-2-3 » ; le SEF joue le Blackwood « moderne », ou « 30-41-2-2R » où « 2R » signifie deux As et le Roi d'atout, partant « 2 » deux As sans le Roi d'atout : il est vrai que le Roi d'atout équivaut, sous cet angle, à un As !

De nos jours l'on adopte volontiers le RKCB 1430 (Roman Keys Cards Blackwood, ou Blackwood aux cinq clés) assimilant le Roi d'atout à un As, pour refuser de jouer six avec moins de quatre « As », ou « clés », sur cinq : les réponses sont par paliers, comme ci-dessus, comme ceci : 41-30-2-2D, où « 2D » signifie deux clés avec la Dame d'atout, « 2 » deux clés sans la Dame d'atout, « 30 » trois ou zéro clés et « 41 » quatre ou une ; certains, de moins en moins, jouent 30-41-2-2D clés.

Mais ces Blackwood sont délicats puisqu'ils exigent que le fit soit connu avec certitude...

Les cas où 4SA n'est pas Blackwood (liste exhaustive) :

L'on pourrait encore ajouter ceci :
Ouest E
1SA ou 2SA3♠
3SA4♣
4SA / 4♦ 
Le répondant a cinq cartes à Pique, mais l'ouvreur pas trois. L'on jouera donc 3SA.
Pourtant le répondant reparle, au delà de la manche la plus raisonnable dans ces circonstances ! Quelle mouche l'a-t-elle donc piqué ?

Il songe à un chelem, sinon assume le contrat de 4SA ! et présente ses quatre cartes à Trèfle !

Là-dessus l'ouvreur doit lui faire savoir si sa proposition l'enthousiasme ou non, s'il se considère beau et s'il est fitté Trèfle ou non. L'on jouera 6♣ si c'est le cas (bel ouvreur fitté Trèfle), 4SA sinon (rarement 5♣, parfois 4♠ à sept atouts ; ou même 6SA avec d'importantes réserves : 6SA sans fit exige de nombreux points d'honneurs...)

4SA est donc une réponse négative à la proposition du répondant et
4♦ une réponse positive : fit Trèfle ! belle main ! montrant en outre le contrôle Carreau
4♥ dirait la même chose, mais dénierait le contrôle Carreau au profit du contrôle Cœur
4♠ serait négatif, comme 4SA, mais avec un gros honneur second à Pique, là où 4♠, à sept atouts, pourrait se révéler meilleur que 4SA ; et qui sait si ce gros honneur second ne pourrait pas donner d'intéressantes perspectives au répondant ?... Mais 4SA, sur ce 4♠, serait un arrêt.

Sur la réponse aux As, un retour au fit au niveau de cinq est sign off, disant qu'il manque deux As et qu'il est impératif d'en rester là. Parfois le fit du niveau de cinq est dépassé par cette réponse : s'il manque néanmoins deux As, l'on procède par un relais à 5P donnant l'ordre impératif au partenaire de mettre 5SA, qui deviendra le contrat final, car 5SA, sur la réponse au Blackwood, procède d'une tout autre démarche :

II. Le grand chelem

5SA, sur la réponse au Blackwood, est une tentative de grand chelem. Son auteur envisage le grand chelem, donc n'exclut pas que la valeur 37HLD soit atteinte ou que treize levées soient possibles. Cela implique bien sûr qu'aucun des quatre As ne fait défaut !

5SA est alors une question aux Rois :

Mais l'on peut d'emblée, sur 5SA, répondre 7fit si l'on se trouve positif, parce que 5SA est une question sérieuse :
« Rien ne manque et j'ai bien envie de jouer sept. Et vous ? » !

Au surplus (dans la même idée mais a contrario), si le fit est à Trèfle, ou Carreau, l'on réfléchira bien avant d'exprimer une réponse dépassant son palier de six... Dans cette idée, surtout à l'atout Trèfle,
5SA demande : « Voudriez-vous jouer 7♣ ? Il me manque quelque chose » dont les réponses sont :

F. Les Enchères compétitives

Les présentes se limitent à l'intervention la plus fréquemment rencontrée : celle qui suit une ouverture de 1 à la couleur.

I. L'intervention du n° 2 sur une ouverture de 1 à la couleur

Les interventions possibles sont données par ordre de priorité décroissant.

1. L'intervention par 1SA

Elle obéit aux mêmes conditions que l'ouverture de 1SA : 16-18 HL, main régulière, pas de majeure cinquième. Mais elle exige en outre un arrêt et demi dans la couleur d'ouverture (ex.: R103).

2. L'intervention à la couleur

La vulnérabilité des deux camps va déterminer les minimums d'intervention pour les différents cas exposés ci-après.

Les valeurs indiquées sont valables dans le cas d'une vulnérabilité égale : non vulnérable contre non vulnérable (NV c/ NV) ou vulnérable contre vulnérable (V c/ V).
Ces minimums seront relevés d'un point en cas de vulnérabilité défavorable, V c/ NV, et abaissés d'un point en cas de vulnérabilité favorable, NV c/ V.
La présence d'un singleton ou d'une chicane permettra d'abaisser également d'un point supplémentaire ces mêmes minimums.

Au niveau de un
HL = 9-18 Couleur au moins cinquième comportant au moins deux gros honneurs si HL<13.

Au niveau de deux sans saut
HL = 11-18 Couleur au moins sixième comportant au moins deux gros honneurs si HL<13.

Intervention à saut
Toutes les interventions à saut sont des barrages : couleur de belle qualité, jamais plus de 9 points d'honneur, maximum une levée de défense (As ou Roi) extérieure à la couleur. Le niveau de l'intervention dépend du nombre de cartes :
six cartes au niveau de deux,
sept cartes au niveau de trois,
huit cartes au niveau de quatre.

3. Le contre d'appel

Il est une déclaration illimitée. Pour le produire, il faut un minimum de 13HL (ou 12H), mais cette condition n'est pas suffisante.

- Si HL ≤ 18 :
La main devra être courte dans la couleur d'ouverture (deux cartes au maximum) et à tendance tricolore. De plus le contre promet :

- A partir de 19 points HL :
Le contre s'emploie quelle que soit la distribution : celle-ci sera précisée par le contreur au tour suivant.

- Remarque : intervention à 2SA :
Du fait du caractère illimité du contre d'appel, l'intervention à 2SA perd son sens naturel. Cette enchère est artificielle : on l'emploie sur une ouverture majeure pour décrire les bicolores mineurs 5-5 dont les deux couleurs contiennent chacune au moins deux honneurs avec, au minimum, 11 points HL.

II. Les réponses à l'intervention du n° 2

On supposera dans ce qui suit que le joueur n° 3 a passé.

1. Sur l'intervention par 1SA

Les réponses et développements utilisés sont les mêmes que sur l'ouverture de 1SA (notamment 2♣ = Stayman).

2. Les réponses du n° 4 après intervention du n° 2 à la couleur au niveau de un

Les réponses sont calquées sur celles à l'ouverture de 1 à la couleur, en tenant compte de l'abaissement du seuil d'intervention par rapport au seuil d'ouverture.

a) Les soutiens

La valeur des soutiens ne change pas, que le joueur n° 3 se manifeste ou pas.

b) Les changements de couleur

Ils sont forcing pour un tour et décrivent des mains d'au moins 8 HL avec une couleur cinquième au niveau de un, 13 HL au niveau de deux.

c) Sans-Atout

Les enchères à Sans-Atout dénient un fit majeur et décrivent une main régulière avec au moins un arrêt dans la couleur adverse :

3. Développement des enchères après intervention par un contre d'appel

a) Les réponses du n° 4

Dans le silence du joueur n° 3, la réponse est obligatoire. La déclaration d'une majeure non nommée est prioritaire, mais l'enchère devra également exprimer la force de la main. Cette double contrainte nécessite parfois l'utilisation d'une enchère artificielle, le « Cue-bid » : l'annonce de la couleur adverse.

aa) Les réponses à la couleur

Le niveau de la réponse dépendant du nombre de cartes, on est fondé à ne prendre en compte que les points d'honneurs. On répond :

Remarques :

bb) Les réponses à Sans-Atout

Elles dénient la présence de quatre cartes dans une majeure non nommée et ne proviennent que de jeux positifs (le camp doit être majoritaire en points). Elles garantissent encore un arrêt dans la couleur adverse et une distribution régulière :

aa) Le Cue-bid

Avec au moins 11 points HL et sans possibilité de produire une enchère naturelle à la couleur ou à sans-atout, on utilise le Cue-bid (annonce de la couleur adverse), qui est autoforcing et demande au contreur de décrire sa main.

b) Suite des enchères

Le contreur ayant obligé le n° 4 à parler, il devra tenir compte que ce dernier peut avoir 0 point s'il a annoncé une couleur sans saut. Il ne reparlera donc, sur une telle réponse, que s'il se compte au moins 19HL.

III. Les réponses à l'ouverture du partenaire après intervention à la couleur

Les présentes n'examinent que les réponses du n° 3 après intervention à la couleur.

1. Les soutiens

Elles restent inchangées après une intervention.

2. Sans-Atout

Elles garantissent toutes une tenue dans la couleur adverse et une main régulière :

3. Les changement de couleur

Le 1/1 reste inchangé mais le 2/1 est abaissé d'un point (dès 8H avec une couleur sixième, dès 10H avec une couleur cinquième) et n'est plus autoforcing, mais seulement forcing : sur un tel 2/1, l'ouvreur non minimum ne devra pas se contenter de soutenir au niveau de trois ou appeler 2SA, mais sauter ou produire un bicolore (forcing en raison du 2/1).

Dans certains cas l'enchère naturelle sera rendue impossible par le niveau de l'intervention, et le répondant devra passer, sauf le cas particulier du « Contre Spoutnik » exposé ci-après.

4. Le «  Contre Spoutnik  »

Après une ouverture mineure et une intervention à 1♠, le répondant qui possède soit exactement quatre cartes à et HL ≥ 8, soit cinq cartes à et HL = 8-11, utilise artificiellement l'enchère de contre : c'est le « Contre Spoutnik simple » (par opposition à « généralisé »). Tous les autres contres sont punitifs.

IV. Les réveils

Si l'adversaire s'arrête avant la manche, ou manifeste une telle intention, c'est que son camp n'atteint pas les points requis pour la manche, partant que notre camp en compte un minimum certain, quelle que soit la force de la main : ce que celle-ci n'a pas, celle du partenaire l'aura !

L'on réveille donc volontiers les enchères qui menacent de s'arrêter avant la manche (en raison de deux Passes consécutifs ou d'un sign off adverse, par exemple 2M sur l'ouverture de 1SA ou une répétition de l'ouvreur sur une réponse de 1SA) déjà avec peu de points, en comptant sur ceux du partenaire, considérant que la faiblesse relative du camp adverse donne des chances de gagner une bonne partielle, ou de la chuter avec bénéfice.

L'on ne réveille jamais avec moins de 8H. Il conviendra en outre d'être prudent si l'adversaire n'est pas fitté ou si la main est « plate » (sans singleton). L'on contre pour appeler les couleurs non nommées, que l'on détiendra quatrièmes si elles sont deux, au moins 443 si elles sont trois, et l'on nomme, de préférence avec un singleton quelque part, une couleur cinquième au niveau de deux, sixième au niveau de trois.

Un tel réveil ne décrit rien et ne promet rien d'autre que cela. Le partenaire n'est pas invité à entreprendre action (soutenir ou cuebidder, ou sauter sur un Contre). Il le peut avec un jeu très puissant (davantage qu'une ouverture si le réveil pose le camp au niveau de deux, une ouverture si le niveau de un reste possible).

Après un Contre de réveil du niveau de deux, l'on renonce à jouer 2SA et donne à cette enchère le sens d'un relais, a priori comme recherche de la meilleure mineure...

L'autre camp voudra peut-être surenchérir, pour ne pas se faire « voler » sa partielle, et ainsi de suite. Chaque camp pourra se rappeler qu'il est alors, dans ces situations où les points d'honneurs sont également répartis entre eux, de 17 à 23, statistiquement profitable d'appeler autant de levées que son camp détient d'atouts (niveau de deux, huit levées, avec huit atouts, de trois avec neuf atouts, etc., même d'un niveau supplémentaire pour le camp qui détiendrait une chicane, parfois un singleton dans la couleur adverse : voir la Loi des levées totales de Jean-René Vernes).

Le réveil primaire (le répondant passe sur l'ouverture de un à la couleur) est peu documenté. Disons seulement que 1SA vaut 10-12H, 2SA 17-18H et qu'une couleur au niveau de 1 présente cinq cartes mais dénie l'ouverture (Contre suivi de la couleur avec une telle) tandis qu'une couleur à saut au niveau de 2 devrait valoir, à mon avis, comme une intervention en 2/1 (6 cartes et 11-18HL). Voir pour le surplus mon Tableau 4NewB sous « Réveils ».

V. Remarque

Tandis qu'en enchères à deux 1SA est une enchère assez négative, 1SA en enchères compétitives est toujours positive, montrant le ou les arrêts nécessaires et du jeu (la plupart du temps 8-10H ! même 10-12 en réponse à une intervention ; contraint de parler, par exemple sur un Contre d'appel, un joueur plus faible doit trouver autre chose).


G. SIF - SEF

Le SEF n'est pas bien différent. Il ouvre de Deux autrement et précise certaines séquences. Par exemple il exige quatre cartes en soutien majeur aux niveaux de trois et quatre et procède par détours avec trois cartes (ce qui n'est guère de mon goût) ; il joue « Texas » sur les ouvertures à Sans-Atout, « Troisième couleur forcing » chez le répondant à un ouvreur qui répète sa mineure, « 2SA modérareur » et répétition forcing sur les inversées de l'ouvreur, la « Règle d'Alain Lévy » en quatrième couleur, il joue forcing de manche les inversées du répondant après 2/1 ; il joue les « enchères d'essai », les soutiens différés du niveau de trois tous forcing de manche en mineure, davantage de 4SA quantitatifs, bien davantage de Contres Spoutnik ; inclut les conventions « Roudi » ou « Drury » et développe nombre de situations non abordées ici, notamment en enchères compétitives. Autrement il se base strictement sur les structures et principes qui précèdent.

L'on dit en particulier que les fourchettes de points, en SEF, sont abaissées d'une unité. Ce n'est pas si simple (voyez notamment les développements d'USF sur la question), mais vous vous apercevrez bien vite, par exemple, que la plupart des joueurs ont choisi le « 1SA 15-17 » et voudrez rapidement faire comme eux (parce qu'en tournoi par paires il est malsain d'enchérir ou jouer « contre le champ », par exemple d'être le seul à ouvrir telle main de 1 à la couleur quand tous les autres, le champ, ouvrent de 1SA). Je puis vous suggérer ceci, très simple et néanmoins efficace :

Evaluez les mains régulières et semi-régulières comme ceci :

Et continez d'ouvrir de 1 et 2SA avec 16-18 et 21-22 ! Vous aurez ainsi les avantages de la méthode « 15-17 », sans ses inconvénients !

Comptez de même en réponse à 1SA : la manche dès 10 et limit bid avec 8-9 ; mais avec un 4432 de 7H, ne dites 2♣ qu'en match et avec une majeure quatrième correcte, passez autrement.

Plus tard vous vous pencherez sur les travaux de Jean-René Vernes et Bernard Charles, qui offrent une méthode complète, précise et efficace qu'il faut recommander chaudement. Vous ferez, dans ce registre, un tour par les travaux de Vernes de 1966 pour sa Loi des levées totales (avec compléments 2000) et ses judicieux conseils en matière d'enchères compétitives.

H. La Signalisation en flanc

Quel « flanc » (quelles conventions de flanc) conseiller au débutant ? Le plus simple, surtout le plus lisible, le flanc « attitude » : « 4e meilleure », « Tête de séquence », « Petit prometteur », « MUD », défausses « Appel-Refus Gros-Petit » (ci-après, « attaque » ou « attaquer » : sens large, y compris « entame » ou « entamer ») :

J. Le «  2♣ Roudi  »

(sans Texas)

Contrairement aux apparences, la convention « Roudi » (de son auteur, le regretté Jean-Marc Roudinesco) simplifie. C'est pourquoi je risque ci-dessous une brève présentation. Elle vise cette situation de base :

Ouest E
1♣1♠
1SA 
Le répondant conserve ses enchères naturelles à Sans-Atout (2SA, 11H-12HL, et 3SA, 13-15HL), son canapé faible 4-6 - à 2♦ et son bicolore naturel faible 5-4 - à 2♥, mais ne peut plus jouer le contrat de 2♣, parce que cette enchère est la convention. Elle est un relais artificiel priant l'ouvreur de mieux se décrire, en force (minimum, 13-14HL, ou maximum, 15HL) et en distribution (présence de trois cartes à Pique). Idem ici :

 

Ouest E
1♣1♥
1SA 
Le répondant conserve ses enchères naturelles à Sans-Atout, son canapé faible 4-6 - à 2♦ et, par 2♠, son inversée naturelle (5-4 -) forcing jusqu'à 2SA, mais ne peut plus jouer le contrat de 2♣, parce que cette enchère demande la même description relativement à la force (minimum, 13-14HL, ou maximum, 15HL) et, cette fois, relativement aux Cœurs (présence de trois cartes à Cœur).

Idem si l'ouverture est à 1♦ : 2♣ reste le relais artificiel et 2♦ un simple soutien de qui préfère jouer 2♦ à 1SA.

L'ouvreur répond à 2♣ simplement comme ceci :

et le répondant avise !

Le répondant qui n'a pas cinq cartes dans sa majeure de réponse n'utilise pas la convention. De même celui qui n'atteint pas 11H. Ainsi, indirectement, 2♣ garantit 11H et cinq cartes dans la majeure de réponse.

Sur les réponses 2M' ou 2SA, l'on jouera donc au moins la manche (15HL(D) + 11H-12HL !).

Sur la réponse 2M, le répondant muni de 11H-12HL seulement passera évidemment. Et l'on joue 2M là où, sans la convention, l'on aurait joué 2SA !

Sur la réponse de 2♦, le répondant muni de 11-12HL seulement sera bien avisé de revenir dans sa majeure au niveau de deux, parce que ce contrat, en fit 5-2, se révèle statistiquement bien meilleur que 2SA !

Cela est suffisant. Mais l'on peut compliquer comme ceci :

Nord S
1♣1♠
1SA3♥
Bicolore 5-5 -, 13HL+ !

(normalement, sans la convention, bicolore 5-4 -, 13HL+)

Parce qu'avec un simple 5-4 rien n'empêche de transiter par 2♣, dès 11H, également avec 13HL+ ! L'avantage réside dans la description immédiate, par 3♥, en-dessous de 3SA ! de ce bicolore 5-5 ; dans l'idée que l'ouvreur redemande parfois par 1SA avec un 2245 (ou 2254) ! et dans l'idée d'obtenir un soutien clair qui permet, le cas échéant, à un répondant ambitieux de poursuivre le dialogue (contrôle ou Blackwood). Et alors :

Nord S
1♦1♠
1SA2♣
2♦3♥
3 :
5-4, 13HL+,
Nord S
1♣1♠
1SA2♣
2♦2♥
2♥ :
5-4 (ou 5-5 !),
11-12HL,
Nord S
1♦1♠
1SA2♣
2SA3♥
3♥ :
5-4, 11H+,
forcing pour 4♥ ou 3SA l'ouvreur passe avec
quatre cartes à Cœur,
remet à 2♠ autrement
forcing pour 4♥ ou 3SA

La plupart des adepte de la convention Roudi convienne que, sur 1SA de l'ouvreur, 2SA du répondant est un Texas Trèfle, soit un pur relais obligeant l'ouvreur à dire 3♣, dans l'idée de jouer ce contrat. Cette complication est sans intérêt pratique, voire nuisible : elle prive le répondant de son enchère naturelle à 2SA, partant le contraint à passer par le Roudi à 2♣ même sans cinq cartes dans sa majeure de réponse, et il est bien rare que 3♣ gagne là où 1SA chute !



 

Je vous félicite.
Vous avez lu l'historique, les règles élémentaires, la marque et le long texte qui précède...

Toutefois, pour devenir un « Bridgeur », il vous reste encore du chemin...
Je n'ai qu'un conseil :  jouez, jouez, jouez !

 

mh / mars 2003 Autres
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