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Vulnérabilité : Personne
Type de tournoi : Tournoi en Cross-IMP
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R x |
A D x x x |
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A R D 10 |
x x |
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R D x x |
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A 10 8 x x x |
R V |
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Entraînement national, Lausanne, 1998 (sic). La séquence de Roy et Gojko:
Sur 5C, Gojko en est hésite et cela se voit malgré le paravent. Le fait est admis. Les Piques sont 3-3 et le contrat gagne. Appelé, l'arbitre corrige à 5P + 1.
Gojko explique que, avec ses 16DH en face d'une inversée fittée troisième, il se croyait en route pour le grand chelem et qu'il lui a bien fallu vingt secondes pour réaliser qu'il manquait deux clés, le temps de bien se rappeler 30-41-2-2D et de recompter trois fois. Cela se comprend. Roy n'explique pas pourquoi il a répondu 5C avec trois clés autrement qu'il s'est trompé et aurait dû répondre 5T. Sur 5P, il corrige son erreur en vertu de sa clé surnuméraire. Les deux concluent à 6P égal. Mais le comité d'appel les déboute à deux voix contre une. Mes collègues, comme l'arbitre, étaient encore sous le coup d'un récent article d'une publication internationale qui fustigeait un joueur (appelons le Nord) qui avait questionné puis, sur la réponse, hésité avant de se contenter d'un 5P et son partenaire (appelons le Sud) qui avait mis le sixième. Si la réponse avait montré l'absence de deux clés, Nord aurait conclu à 5P sans hésiter et Sud n'aurait pas bronché. Mais elle avait montré l'absence d'une seule clé et Nord s'était encore demandé s'il fallait appeler le chelem: «Ne vais-je pas perdre en outre la Dame d'atout ou quelque Roi extérieur? Telle couleur sera-t-elle bien répartie? N'aurais-je pas pu trouver ce chelem par une autre voie?» etc. (c'est vrai que s'il s'interrogeait encore, c'est qu'il n'avait pas choisi la bonne voie!). Sud, muni de tout ce qu'il fallait (les Rois extérieurs nécessaires, la Dame d'atout, Dame-Valet de la couleur secondaire, que sais-je), comprit bien la situation et n'eut aucun mal à ajouter le sixième. L'on comprend bien que cela ne soit pas permis comme l'on comprend l'énoncé en vertu duquel une hésitation sur la réponse au Blackwood suivie de la manche interdit l'appel du chelem en face. Mais l'on ne peut pas appliquer de tels adages les yeux fermés sans reprendre les règles, et chacune de leurs étapes, dans leurs structures et leurs fondements. Essayons, car appliquer le Code n'équivaut pas à appliquer des recettes de cuisine! Dans le cas de cette paire «Nord-Sud», il y a eu «acte illicite» (ou «infraction aux Lois»; voir donnes 76 et 78) comme ceci. La Loi 16 dispose que «les joueurs sont autorisés à fonder leurs déclarations et jeux de la carte sur des informations provenant de déclarations ou de jeux légaux ou de maniérismes des adversaires. Fonder une déclaration ou un jeu sur une autre information, illicite, peut être une infraction aux Lois». Puis elle donne la liste, non exhaustive, de faits qui peuvent transmettre ce qu'elle appelle une «information illicite» (souvent abrégée «UI» pour unlicit information), notamment l'hésitation flagrante du partenaire ou l'équivalent. Puis précise que si «un joueur rend perceptible à son partenaire une information illicite pouvant suggérer une déclaration ou un jeu, celui-ci n'est pas autorisé, parmi les différentes possibilités logiques d'actions, d'en choisir une qui aurait pu indiscutablement avoir été suggérée, plutôt qu'une autre, par cette information illicite.» Chacun aura compris que l'hésitation, en soi, ne constitue pas un acte illicite, ni même l'information qu'elle transmet: seule l'utilisation de celle-ci est prohibée et peut donner lieu à marque ajustée. Dans le «cas Nord-Sud», Sud a bien compris l'UI transmise: il ne manque pas deux clés, mais un petit quelque chose, et il l'a bien utilisée: «j'ai le petit quelque chose qui manque, donc je mets 6P». L'acte illicite est réalisé et il est bien la cause directe et adéquate d'un dommage patent. La correction s'impose. Et dans notre cas? Mes deux collègues du comité d'appel, l'un champion de la région lémanique, Champion suisse par Paires et par Equipes, l'autre quelques fois arbitre de compétitions homologuées FSB, récemment auréolé d'un grade français envié en matière d'arbitrage, m'expliquaient que tout cela était clair, avait fait l'objet d'un récent séminaire d'arbitrage d'où il ressortait clairement que l'hésitation en cause interdisait formellement et sans exception le 6P subséquent, que seul peut-être un «motif technique» pourrait le tolérer mais qu'un tel n'était «évidemment» pas réalisé (mais sans dire le contenu de cette notion, apparemment sans le connaître!). Voyons. Examinons les éléments constitutifs de l'acte illicite, un par un et méthodiquement (ainsi qu'il convient!): -- Y a-t-il eu UI? -- Quel était son contenu? -- A-t-elle été émise et reçue? -- Ouest l'a-t-il utilisée (a-t-il choisi une action indiscutablement suggérée par elle)? L'hésitation d'Est se comprend. Son explication est crédible et «tient la route»: moi aussi, à sa place, je me serais cru en route pour le grand chelem et aurais été surpris, pour ne pas dire plus, par la réponse de 5C, et aurais également accusé le coup par un temps de réflexion et vérification des données. Quel est le contenu de l'information émise par cette hésitation, qui s'explique et paraît normale? (mes collègues n'ont pas su me l'expliquer!). Une chose est sûre: elle ne signifiait pas qu'il ne manquait pas deux As puisque, du point de vue d'Est, il en manquait précisément deux! Ni qu'il lui aurait manqué un petit quelque chose (quoi?) puisqu'il avait --- fort logiquement --- le grand chelem en vue! Or déterminer précisément le contenu de l'information illicite est fondamental pour la suite (par exemple Ouest a-t-il compris ce qui manquait à Est? a-t-il ajouté le sixième en fonction de cela et détenait-il ce petit quelque chose manquant?). De mon point de vue, ce contenu est vide: je ne vois pas ce qu'Ouest, eu égard à ses cartes, a bien pu comprendre de l'hésitation (en particulier pas que le fit risquait d'être un peu faiblard puisqu'il ne l'a pas craint malgré son Roi seulement second! une absence de contrôle Carreau? Est n'est pas homme à questionner sans lui!). J'en déduis qu'il n'y a pas eu d'UI. Supposé cependant une telle: en quoi, concrètement, l'hésitation d'Est a-t-elle poussé Ouest à mettre le sixième?... Je ne vois pas (mes collègues non plus, mais...!). L'action de déclarer 6P, plutôt qu'une autre, fut-elle indiscutablement suggérée par ce contenu? Ouest a expliqué que son action fut motivée par son erreur préalable: il avait dénombré par erreur deux clés au lieu de trois et entendait corriger cette erreur (malgré les risques de cette correction, qu'il assumait bien évidemment: il aurait encore pu manquer deux clés! ce n'est pas possible dans le contexte? je vois que nous sommes d'accord!). Cette explication est convaincante, de sorte que l'action apparaît résulter de l'erreur préalable et de la volonté de la corriger et non de l'hésitation: «je déduis logiquement de l'enchère de 5P, sans rien déduire de l'hésitation, que mon partenaire croit qu'il manque deux As; il se trompe, car j'en ai un de plus qu'annoncé et cela me permet d'ajouter le sixième». C'est sans doute cela le «motif technique» dont mes collègues avaient entendu parler sans le comprendre: il y a notamment motif technique lorsque la réponse précédente dénombrait incorrectement, singulièrement une clé de moins que la réalité. Ni UI, ni émission ni réception, ni utilisation illicite. Pas d'acte illicite (pas d'«infraction aux Lois»), partant pas de correction de la marque. Le comité d'appel a eu tort.
Je vous raconte encore ce cas dont mon équipe fut la victime.
Que penser de tout cela?
mh
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