Résumé des pages 155 à 163 de
Roudinesco, Comment gagner en tournois par paires, Paris (Belfond), 1983
(Roudinesco cite John Collings (champion anglais bien connu en Suisse...) comme à l'origine de l'idée, jusqu'au tableau B inclusivement)
Table des matières :
A. Définition
L'ouverture de 2♦ provient soit d'un Deux faible majeur (à géométrie variant suivant le style de la paire), soit d'un tricore fort (4441 17H+), soit d'un Deux fort en mineure, soit enfin d'une main balancée de 22-23H. Elle est ainsi forcing. Le répondant doit l'éclaircir, même avec une main très faible bourrée de Carreaux, s'il ne veut empailler une manche voire un chelem. Il procède, avec une main forte (au moins 13H), par un relais à 2SA
(sur quoi 3♥/♠ pour un Deux faible minimum, 3♣/♦ pour un Deux faible maximum à ♥/♠), par 2♥/♠ avec une main moins forte (2♠ avec du Cœur puisque tolère 3♥ !).
Il s'ensuit que le n° 2, même avec du jeu, peut décider de passer pour commencer. La parole lui reviendra.
Il s'ensuit également qu'un Contre d'appel de sa part est sans risques : tandis que, sur une ouverture naturelle, un Surcontre du n° 3 l'obligerait à dégager vers une éventuelle pénalité, ici il pourrait (dans le cas inexistant d'un ouvreur faible et chicane Carreau tenant un Surcontre venant d'une main bourrée de points et de Carreaux), faute de dégagement approprié, tenir !
D'où le tableau suivant :
B. Interventions du n° 2
Par « interventions retardées » (I. R.), l'on entend, ci-après dans le tableau, les quatre cas suivants :
|
|
|
|
INTERVENTIONS IMMÉDIATES |
INTERVENTIONS RETARDÉES |
||||
|
|
||||
|
|
||||
|
|
||||
|
|
||||
|
|
||||
|
|
C. Développements
I. Le Contre d'appelLe n° 4 n'est pas tenu de parler : l'ouvreur devra dégager dans sa majeure faible ou entreprendre action avec une main forte. L'on peut donc passer aussi bien avec une main très faible (si le Contre reste il ne donne pas la manche !) qu'avec des jeux plus forts (intention de punir, de rechercher un fit 4-4 dans l'autre majeure ou nécessité de disposer d'un Cue-bid avec un jeu fort).
Une enchère économique montre une longueur intéressante mais dénie espoir de manche.
L'annonce d'une couleur à saut est impérative de manche et n'exclut pas le chelem.
2SA est une proposition naturelle.
L'annonce différée d'une couleur est une proposition limitée. Elle est impérative avec saut. Le Cue-bid est forcing de manche.
2. Attitude du n° 4, le n° 3 enchérit
Mêmes principes que ci-dessus, avec en outre :Sauf sur une enchère encourageante ou impérative du n° 4, le contreur doit ensuite passer s'il est faible, toutefois sans préjudice d'un soutien compétitif.
Toute réintervention libre est naturelle et forcing de manche (Contre = Spoutnik [court dans le dernière couleur nommée] 23DH+, Cue-bid [dernière couleur nommée] = 23DH+, 2SA = 22-23H, 3SA = 24-25H)
Le « contreur » n'a en principe pas plus de deux cartes dans la couleur nommée — et détient quatre cartes dans l'autre majeure ! — et l'on part de l'idée que l'ouvreur est Deux faible dans cette couleur :
3♠ : Cue-bid informatif classique |
|
L'on ignore l'ouverture et enchérit comme sur une ouverture de 2SA (mutatis mutandis eu égard à 19-21H !) : Stayman simple, avec Chassé-croisé sur réponse 3♦, (ou Puppet), Texas dès 3♦ et Barons facultatif et forcing à 4SA et 5SA.
2. 2SA retardé
Ici l'intervenant est plus faible et l'on connaît la majeure de l'ouvreur.
En choisissant de ne pas intervenir au premier tour dans une majeure courte, l'intervenant se marque avec deux tripletons, ou plus long, majeurs et oriente le contrat plutôt vers les Sans-Atouts. Le fit 4-4 dans l'autre majeure est maintenant moins intéressant en raison des risques de coupe dans la majeure de l'ouvreur.
D'où le système suivant :
Une couleur au niveau de trois est une faiblesse, un arrêt (sign off), y compris 3♣ !
Muni de cinq cartes dans l'autre majeure, le n° 4 peut directement conclure à la manche dans celle-ci !
16-18H, balancé.
Le répondant a produit une réponse plus ou moins négative, si bien qu'il n'est pas utile de prévoir un dégagement à 3♣/♦/♥/♠. Le n° 2 répond donc (presque !) classiquement à 2SA : Puppet, Texas à 3♦/♥, Texas mineurs facultatifs à 3♠/3SA (!), 4♣ bicolore mineur et 4♦ naturel constructif.
3SA est bicolore mineur, le reste naturel, c'est-à-dire :
Le Contre d'appel est traité comme précédemment. Il suppose que la couleur nommée par le répondant coïncide avec celle de l'ouvreur, mais celui-ci est obligé de la clarifier immédiatement, en passant ou rectifiant. Dès que cette couleur est connue, le n° 2 dispose de déclarations naturelles
(contre punitif, Sans-Atout, couleur) et d'un Cue-bid exploratif (que le n° 4 peut également utiliser ultérieurement).
Si le n° 2 passe sur une rectification, le n° 4 peut réintervenir avec un jeu fort par un nouveau Contre d'appel ou une enchère naturelle.
Le n° 4 peut réveiller par Contre avec du Cœur sur 2♠, du Pique sur 3♥.
E. Imprévus
Finale du World Open Pairs Championship, Biarritz, 1982 :
|
AD ARV9 V98753 6 |
Est est long à Carreau et visiblement affublé d'une courte en majeure qui lui fait craindre le contrat dans cette majeure. Il craint encore de dépasser le palier de 2♦.
Adad (13e au DN1 par paires 2009 !) en a déduit que son camp devait être largement majoritaire en point d'honneurs et a... plongé à 3SA !
|
3SA + 1 lorsque le flanc n'imagine pas le singleton Trèfle du déclarant et n'ouvre jamais la couleur. Fidèle à son système, Est aurait dû déclarer 2♠ : soit on les joue, soit l'on jouera 3♥ en vertu de la force globale et des neuf atouts. 2♥ serait couard. Sur 2♠ Adad aurait produit un Contre d'appel qu'Aujaleu, en nord, aurait transformé avec délectation pour un top sans partage. Malgré leur double shooting les « planteurs » n'ont rien récolté. Le désastre était annoncé dès 2♦. La paire fera un très honorable treizième rang, Adad-Aujaleu 17e (là où Besse-Catzeflis feront 33es ; sur 40 qualifiés en finale). Roudinesco observe encore que, avec son Passe, Est aurait pu empailler le grand chelem avec, en face, n'importe laquelle des trois mains suivantes :
|
mh / juin 2009 | Autres Documents |
Fermer |