Rxxx
Rxx
Ax
A9xx
 
Dx
D109xx
V10xxx
6
  xx
Vxx
Rxx
RDV108
  AV10xx
Ax
Dxx
7xx
 
Donne numéro 78

Vulnérabilité : Personne
Type de tournoi : Tournoi par paires


 

 

 R x x x

 

 

 

 

 R x x

 

 

 

 

 A x

 

 

 

 

 A 9 x x

 

 

 D x

 x x

 D 10 9 x x

 V x x

 V 10 x x x

 R x x

 6

 R D V 10 8

 

 

 A V 10 x x

 

 

 

 

 A x

 

 

 

 

 D x x

 

 

 

 

 7 x x

 

 


Tournoi d'été, Berne, 23.6.01, Ouest donneur, la séquence (sans alerte!):

S W N E
 passe1passe
1223
3passe4fin

A la vue du mort, sur l'entame du 6 de Trèfle, mon partenaire, en sud, demande à Est s'il est bien sûr que l'enchère de 2T d'Ouest était naturelle et celui-ci déclare spontanément qu'il a fait un Michael's, ce que celui-là confirme en disant qu'il se rappelle maintenant que son partenaire doit être 5-5 rouge!

Le déclarant prend, tire le Roi de Pique et tente l'impasse Pique qui échoue, Ouest ressortant à Pique, pour une de chute et le zéro (probablement personne n'est-il intervenu en ouest et, dès lors, tous les déclarants ont-ils tiré les Piques en tête). L'affaire laisse un goût amer et l'arbitre est appelé.

(Le lecteur comprendra mieux la suite en prenant connaissance, à la donne 76, des conditions de la marque ajustée; il trouvera encore d'autres cas d'arbitrage aux donnes 80 et 81.)

L'arbitre constate l'acte illicite (désinformation), explique à Ouest qu'il n'avait pas le droit, dès lors qu'il était en flanc et que son partenaire jouait encore, de rectifier la désinformation, constate le dommage (Sud est le seul à chuter) et demande aux Nord-Sud leurs conclusions... que ceux-ci sont bien en peine de formaliser.

L'arbitre observe donc que si Sud avait connu le bicolore rouge d'Ouest, il aurait d'autant plus volontiers tenté l'impasse Pique contre Est! Au surplus il le connaissait au moment d'y procéder. La désinformation n'est ainsi pas la cause adéquate du dommage et le score est maintenu. Nord-Sud finissent par arguer que, s'ils avaient connu le bicolore, ils auraient contré 3T et qu'Est-Ouest n'auraient pas échappé à 500. Est n'aurait alors pas dit 3T? Certes, mais il l'a dit et ne peut se prévaloir de sa propre faute pour retirer son enchère: s'il avait informé après avoir déclaré, il aurait été trop tard pour retirer. Il ne peut pas non plus se prévaloir d'une enchère qui nous conduit à l'échec d'une impasse et de la même pour éviter un Contre punitif. Et s'il l'avait dite en connaissance de cause, Sud aurait pu voir la distribution. En tout cas, sur 3T, Nord-Sud auraient dû savoir qu'Ouest était bicolore rouge et l'occasion de punir aurait dû leur être donnée, sans qu'il faille se demander s'ils l'auraient fait.

Eu égard à cette situation peu claire, Nord-Sud concluent à la moyenne, ce que l'arbitre leur accorde finalement.

L'arbitre pourrait-il refuser une marque ajustée pour rupture du lien de causalité?

L'échec d'une fin de coup genre squeeze d'affaiblissement-rendement de main sur Est (qui, en l'espèce, ne fonctionne pas) ne serait pas une faute suffisamment grossière qu'elle viendrait expliquer, à elle seule, le dommage. Mais Sud aurait néanmoins pu augmenter ses chances. Voyez-vous comment?

Il fallait ducker l'entame, malgré la certitude de coupe! Est donne la coupe, mais dans le vide, et soulage le problème du Sud à l'atout (un doute subsiste si Ouest refuse de couper: est-il 2551 ou 1(65)1? auquel cas il joue bien en refusant de couper!). Si Ouest fournit sur le retour Trèfle, alors l'impasse Pique s'impose (il est 1552). Cela non plus ne serait pas suffisamment grave pour valoir rupture du lien de causalité. Au surplus la causalité concerne le contrat, non la carte: la désinformation nous a empêché de contrer 3T et les contrats suivants.

L'arbitre aurait-il pu prononcer un score «pondéré», par exemple deux fois 500 et une fois -50 (1050/3=350)? ou une fois 300, deux fois 500, une fois 800 et une fois -50 (2050/5=410), etc.? Cela est délicat. D'abord en Paires la question se résume souvent à un score, moins que ce score ou plus que ce score et à rien d'autre. Ensuite cela n'est possible que si une marque ajustée simple (non pondérée) est impossible à déterminer, non parce qu'elle déplaît, mais parce qu'on ne peut absolument pas connaître le contrat qui aurait été atteint sans l'acte illicite ou absolument pas savoir quel résultat aurait été obtenu à tel contrat donné, en considérant que l'adversaire non fautif est présumé jouer de manière brillante. Ici les 500 de pénalité sont incertains (aurions-nous contré? aurions-nous, à 3C X, ouvert les Carreaux et conservé les communications pour en encaisser la Dame avant l'établissement des Trèfles? aurions-nous encaissé 800 à 3K X quand l'adversaire, après avoir subi la coupe Coeur, se trompe encore à l'atout? 800 à 3T X?), mais raisonnables et l'incertitude ne vient pas du jeu de nos adversaires mais du nôtre, présumé brillant (dans ces situations irréelles! v. Loi 12 litt. C ch. 2: «- le camp non fautif marque le résultat le plus favorable qu'il aurait pu vraisemblablement obtenir si l'irrégularité n'avait pas eu lieu»).

500 me paraît bien. Trois fois 500 et une fois 800 (là où l'adversaire joue mal), soit 2300/4=575, correct également (il n'est pas immoral qu'un adversaire qui omet d'informer puis omet encore son propre système marque zéro!). Je dirais, sans en être certain, que la marque pondérée peut se justifier pour couvrir les différentes options du camp fautif, qui n'est tout de même pas présumé jouer au plus mal! v. Loi 12 litt. C ch. 2: «- le camp fautif marque le résultat défavorable le plus probable». C'est sans doute cette dernière locution («le plus probable») qui autorise le score pondéré.

Ces questions de «scores ajustés pondérés» me paraissent encore controversées. Si un lecteur détenait des informations sur la question, elles seraient les bienvenues au forum...

On en trouve un exemple instructif (précédé d'un exemple de « double score », ch. 1) dans la « Recommandation » n° 5 du CCA (Comité Consultatif des Arbitres de la FFB, AR 8.2.5, n° 5, ch. 2)...

L'arbitre aurait encore pu considérer que, sur 3T, un Contre en sud aurait signifié «Contre d'essai, tentative de jouer 4P avec une main plate» (nous jouons ainsi!), que c'était la bonne déclaration, celle qui aurait démasqué l'adversaire et permis de le punir, et nous objecter: «vous étiez alors dans le top et n'aviez qu'à contrer 3T, de sorte que vous ne pouvez vous en prendre qu'à vous-même!». Autrement dit considérer que le lien de causalité s'est trouvé rompu par la mauvaise enchère de 3K. L'on ne contre certes pas une adversaire fitté au palier de trois avec soi-même un fit neuvième (Vernes, aspect de la «Règle de Sept»), mais démasqués, les Est-Ouest n'apparaissaient plus fittés! L'erreur ne semble toutefois pas si crasse qu'elle viendrait interrompre le lien de causalité, apparaissant comme la seule cause du désarroi de la paire nord-sud.

Tout cela est bien difficile...

mh

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